Avant de vous raconter l'histoire de BeatHealth, j'aimerais vous raconter l'histoire (vraie) d'un homme que nous appellerons Martin.

Martin est tombé amoureux de sa meilleure amie, Louise.

Malheureusement, elle ne partageait pas ses sentiments ce qui l'a fait se sentir insignifiant, inutile, indésirable.

Ses sentiments l'ont amené jusqu'au point de non retour, il a décidé de mettre fin à ses jours.

Un jour d'octobre, Martin se retrouve au sommet d'un hôtel, assis sur la corniche, prêt à sauter dans le vide.

Mais il n'était pas seul, il était accompagné de son Walkman.

Il écoutait "No Jacket Required", le dernier album de Phil Collins à l'époque.

Étrangement, il avait le sentiment que le chanteur comprenait sa douleur.

Alors il hésite, mais lorsqu'il est sur le point de faire le grand saut, une rafale de vent emporte son Walkman.

À ce moment là, il lui est inconcevable de passer de l'autre côté sans son chanteur préféré aux oreilles.

Alors il récupère son casque, mais c'est trop tard. Phil Collins a déjà guidé Martin hors de l'obscurité, il a maintenant choisi de vivre.

Si la musique a été le traitement qui a changé la vie de Martin, elle peut être d'une grande aide pour bien d'autres personnes, notamment celles atteintes de la maladie de Parkinson.

C'est la conviction de BeatHealth, notre entreprise de la semaine.

Solution

Le point commun entre la dépression de Martin et la maladie de Parkinson, c'est la dopamine.

Cette maladie est caractérisée par une dégénérescence des neurones sécrétant la dopamine, ce qui conduit aux symptômes bien connus comme les tremblements, les troubles du mouvement, la dépression.

Malheureusement pour les patients atteints de Parkinson, la prise en charge de ces troubles du mouvement par les traitements actuels n'est que peu efficace.

Le paradoxe, c'est que l'activité physique permet de ralentir la progression de la maladie.

Alors comment motiver ces patients à bouger, surtout avec des mouvements entravés par la maladie ?

C'est là que la musique entre en jeu.

Elle a ce pouvoir unique de nous faire bouger, de nous faire oublier nos inhibitions et même nos douleurs.

Qui n'a jamais ressenti l'envie irrépressible de danser, de se laisser emporter par le rythme en écoutant sa chanson favorite ?

Ce ressenti, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson l'ont aussi.

Alors BeatHealth a décidé de s’en servir.

A travers 3 solutions innovantes, BeatHealth tire le meilleur de la mélodie et du rythme pour aider ces patients

et spoiler alert, ça marche !

1. BeatMove - Aide à la marche

BeatMove est un dispositif médical conçu pour aider les personnes souffrant de troubles de la marche, notamment dans la maladie de Parkinson.

Le système est composé d'un smartphone, d'un casque audio et de deux capteurs.

Fonctionnement

1. Le patient attache les capteurs à ses chevilles puis sélectionne sur son smartphone le style musical qu'il veut écouter.

2. Les capteurs détectent le rythme de marche du patient.

3. Cette information est directement envoyée au smartphone.

   Son algorithme sélectionnera, parmi une banque actuelle de 600 musiques, celles ayant un tempo correspondant au rythme de marche du patient.

4. Le patient se "synchronise" à la musique et marche au même rythme.

5. Puis l'algorithme choisira une musique au tempo plus élevé pour accélérer le rythme de marche du patient synchronisé.

6. S'il ralenti, l'algorithme changera vers une musique moins rythmée. Au contraire, s'il accélère, l'application choisira une musique plus rythmée.

À noter :

• Les capteurs ont vocation à être supprimés puisque les smartphones sont capables de détecter le rythme de marche.

• L'entreprise négocie avec les plateformes de streaming pour avoir davantage de musiques disponibles.

Preuves scientifiques

1. Fondement physiologique

Lors de troubles du mouvement, le stimulus généré par l'aire motrice supplémentaire est bloqué au niveau des ganglions de la base. Le signal n'arrive donc pas au cortex moteur et il n'y a pas de mouvement.

L'écoute de musique sollicite une autre aire cérébrale, le cortex auditif. Dans ce cas, le circuit jusqu'au cortex moteur n'implique pas les ganglions de la base.

Le mouvement est donc possible.

2. Études cliniques

Initialement, BeatMove ne permettait pas la synchronisation de la musique au rythme de marche du patient.

La première étude portait sur 39 patients :

• 22 répondaient : leur rythme de marche était augmenté

• 10 avaient un rythme de marche équivalent

• 5 marchaient moins bien.

Ce sont après ces résultats que les fondateur de BeatHealth on compris que ceux qui répondaient le mieux se synchronisaient à la musique : la cadence de leur marche était rythmée par le tempo de la musique.

Face à ce constat, ils ont développé le système actuel qui permet la synchronisation décrite précédemment.

L'étude suivante a été réalisée sur 45 patients atteints de la maladie de Parkinson, pendant 1 mois.

Les patients devaient utiliser le dispositif 30 minutes par jour à raison de 5 jours/semaine.

Cette étude comparait la situation des patients avant et après l'intervention.

Un point intéressant à noter est que lors de la comparaison avant/après, les patients n'utilisent pas le dispositif.

Il est donc fortement probable qu'en plus d'être efficace, le dispositif a un réel effet rééducatif qui persiste dans le temps.

Les résultats de cette étude ont été très encourageants, mais certains biais doivent encore être supprimés.

En effet, avec cette étude, nous ne pouvons pas être certains que l'amélioration est imputable uniquement au dispositif.

Peut-être est-il dû uniquement au fait que les patients marchent ?

Peut-être est-il dû au fait que les patients marchent ET écoutent de la musique ?

Ou alors peut-être que le fait que les patient marchent ET écoutent de la musique ET que le tempo de cette musique soit synchronisée au rythme de marche est la raison de cette amélioration ?

Pour le savoir, une nouvelle étude, à bien plus grande échelle, est en train d'être réalisée.

396 patients sont répartis en 3 groupes :

• Groupe 1 : marche sans musique

• Groupe 2 : marche avec musique

• Groupe 3 : marche avec musique synchronisée - BeatMove

Les résultats de cette étude permettront d'avoir un niveau de preuve fort quant à l'efficacité du dispositif médical.

En plus de ça, un suivi des patients est prévu pour quantifier cet effet rééducatif qui semblait apparaitre dans l'étude précédente.

Utilisation

Les études actuelles concernent l'usage du dispositif dans la maladie de Parkinson. Cependant, d'autres applications pourront, à l'avenir, voir le jour :

• Obésité

• Personnes âgées

• Pathologies vasculaires des membres inférieurs

• Sclérose en plaque

• Bien-être : amélioration des performances en course à pied.

2. BAASTA - Diagnostic et suivi

BAASTA, qui signifie "Battery for the Assessment of Auditory Sensorimotor and Timing Abilities", est un ensemble de tests conçus pour évaluer les capacités rythmiques.

Il a été développé pour fournir une évaluation complète des compétences rythmiques, qui sont essentielles dans de nombreux aspects de notre vie quotidienne et qui peuvent s'avérer cruciales dans le suivi de Parkinson et d'autres maladies.

Cette batterie de tests comprend diverses tâches que nous pouvons diviser en 3 catégories :

1. Détection d'anisochronie :

Ce test évalue la capacité à détecter des irrégularités dans une séquence de battements.

Les participants écoutent une série de battements et doivent déterminer si la séquence est régulière ou irrégulière. Ce test est effectué à la fois avec des tonalités pures et avec de la musique.

2. Test d’alignement de battement :

Ce test évalue la capacité à percevoir le rythme inhérent à un stimulus musical.

Les participants écoutent des extraits musicaux et doivent déterminer si une séquence de tonalités est alignée avec le rythme de la musique.

3. Tâches de production :

Ces tâches évaluent les compétences motrices en demandant aux participants de taper du doigt dans différentes situations :

• En l'absence de stimulus de rythme (tapping non rythmé)

• En synchronisation avec un stimulus rythmique (tapping rythmé)

• Après l'arrêt du stimulus rythmique

• En s'adaptant à un rythme changeant (tapping adaptatif).

La BAASTA utilise ces mesures pour évaluer une variété de compétences rythmiques :

• Le temps de réaction, correspondant à l'intervalle entre le moment où le patient entend le rythme et le moment où il tape sur l'écran. Ce délai est lui même divisé en 2 intervalles :

  • Temps de réaction prémoteur : temps nécessaire pour traiter l'information et prendre la décision de faire un mouvement.

  • Temps de réaction moteur : temps nécessaire pour que le signal envoyé par le système nerveux se traduise en mouvement du doigt.

• La cohérence entre le rythme perçu par le participant et le rythme réel.

Les tests prennent en moyenne 2h à être réalisés.

Dans le contexte clinique, cela peut s'avérer long.

Cependant, il est possible de ne choisir que les tests les plus pertinents pour un patient donné.

3. BeatWorkers & RythmWorkers

Beat Workers est un jeu grand public sur smartphone développé avec NaturalPad.

Une version clinique, RhythmWorkers, est utilisée en recherche pour montrer un impact de la rééducation au rythme sur la santé.

Les premiers niveaux comportent des séquences rythmiques simples et, au fur et à mesure, le jeu se complexifie avec des séquences musicale de plus en plus complexes.

Études cliniques

Les premières études sur RhythmWorkers montrent une améliorations des capacités rythmiques et des capacités fonctionnelles, chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson mais également chez les enfants atteints de Troubles du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH).

Lors d'une étude sur 16 patients atteints de la maladie de Parkinson, 11/16 ont vu leur compétences rythmiques significativement améliorée après 6 semaines de jeu (30 minutes, 3 fois par semaine).

Business model

Aujourd'hui, BeatMove et BeatWorkers sont les produits disponibles à l'achat.

BeatWorkers, la version grand public de RythmWorkers, est disponible sur l'Apps Store et sur Google Play au prix de 2,99€.

Concernant BeatMove, l'entreprise a déjà écoulé une première série de 250 kits.

Ceux-ci peuvent être achetés ou loués, moyennant un abonnement.

La majeure partie des clients sont les patients eux-mêmes (B2C), mais l'entreprise fait aussi du B2B en collaborant avec des organismes impliqués dans la maladie de Parkinson.

Actuellement, une deuxième série est en cours de production et la start-up souhaite recruter 4 commerciaux pour accélérer la commercialisation des kits.

Enfin, grâce aux différentes études cliniques menées, l'entreprise espère obtenir un remboursement qui permettrait d'accélérer considérablement sa croissance.

Pour atteindre ses ambitions, l'entreprise montpelliéraine effectue une levée de fonds de 2 M€ qu'elle compte finaliser en 2 ans.

Le CA prévisionnel pour 2024 est de 800 000 €.

Marché

BeatHealth s'inscrit dans le marché en plein essor des dispositifs médicaux numériques (DTx).

Ce dernier, évalué à 2 Mds$ en 2019 devrait atteindre 33 Mds$ en 2024.

Cette forte croissance se reflète par l'augmentation du nombre d'utilisateurs de ces dispositifs qui devrait dépasser les 300 millions dans le monde en 2024.

Parmi ces utilisateurs, les patients diabétiques représentent la catégorie la plus représentée.

Quand on parle de l'impact potentiel de BeatHealth sur la maladie de Parkinson, il est important de préciser que sa portée se limite aux patients atteints de la maladie qui ont encore la capacité de marcher de manière autonome.

Annuellement, ce sont 25 000 nouveaux patients qui sont diagnostiqués en France.

Si nous faisons l'hypothèse que tous ces patients sont diagnostiqués à un stade précoce, cela signifie que BeatHealth pourrait potentiellement aider 25 000 personnes supplémentaires chaque année.

De plus, n'oublions pas les 200 000 personnes (environ) qui vivent actuellement avec Parkinson en France.

Parmi eux, ceux qui peuvent encore marcher en autonomie représentent une population potentiellement éligible à l'utilisation de BeatHealth.

Évènements clés

Avant lancement :

• Investissement de près d'1 M€ de la SATT AxLR dans les laboratoires universitaires de la région.

• Financement de 2,9 M€ par l'UE.

2021 :

• Fondation de BeatHealth.

• Incubation à la SATT AxLR.

2022 :

• Lancement de BeatMove.

• Crowdfunding : 15 000 €.

• Signature d'une licence d'exploitation exclusive avec la SATT AxLR.

2023 :

• Transfert de PI de la SATT AxLR et de NaturalPad.

• Investissement - 150 000 € : Ocseed.