Elle paraît loin l'époque où la conquête spatiale était un concours d'égo entre les Etats-Unis et la Russie en pleine Guerre Froide.

Aujourd'hui, on estime ce marché à 1000 milliards de dollars d'ici 2040 (selon Citigroup).

L'un des premiers terrains de jeu financier de ce secteur est le tourisme spatial et ses promesses de vue plutôt sympa dans des hôtels en orbite, ou encore une visite sur Mars le temps d'un Paris-New York.

Mais pour atteindre ce chiffre d'affaire astronomique (sans jeu de mot), d'autres usages doivent être développés.

Parmi ceux-ci, l'un des plus prometteurs est la fabrication de produits de haute technologie, et plus particulièrement de principes actifs.

Alors je comprends que vous vous demandiez "Pourquoi dans l'espace ? On se débrouille plutôt bien sur Terre..."

On vous explique tout dans cet article

Comment ça marche ?

L'ingrédient secret de cette révolution, c'est la microgravité.

Dans cet environnement d'apesanteur, les atomes et les molécules, libérés de la gravité terrestre, se comportent différemment, offrant de nouvelles perspectives dans la conception des protéines qui composent certains médicaments.

L’intérêt

Les cristaux formés sont plus parfaits et plus gros, ce qui permet d'optimiser l'efficacité des traitements en améliorant leur diffusion dans l'organisme.

L’expérience à déjà fait ses preuves

Le géant pharmaceutique Merck a déjà mené des recherches dans la station spatiale internationale (ISS) sur le pembrolizumab (Keytruda), un anticancéreux.

Les résultats sont prometteurs : les cristaux formés en microgravité permettaient de créer un médicament plus stable, pouvant être administré par une simple injection au lieu d'une perfusion intraveineuse de 30 minutes.

Une véritable avancée dans l'amélioration du confort du patient et des soignants.

Varda - L’entreprise qui rend cela possible

Née il y a moins de trois ans, Varda Space Industries a su se faire une place de choix dans l'écosystème spatial.

Elle est passée d'une simple idée à une entreprise bien établie, dotée de plus de 100 millions de dollars de fonds d'amorçage et de subventions, une usine de 6000 mètres carrés et, cerise sur le gâteau, un satellite en orbite.

Son équipe s'étoffe, avec près de 100 personnes à son bord.

En juin dernier, Varda a lancé sa première mission d'essai.

À bord de la fusée se trouvait une capsule de 90 kg, première création de l'entreprise, conçue pour mener des recherches sur les médicaments en microgravité.

La mission se focalise sur le ritonavir, un médicament traditionnellement utilisé pour traiter le VIH et récemment inclus dans l'antiviral Paxlovid pour combattre le Covid-19.

Quelles sont les chances de succès ?

L'entreprise aurait investi environ 40 millions de dollars en développement, mais rassure sur sa santé financière, affirmant avoir suffisamment de liquidités pour financer quatre premières missions, même en cas d'échec.

Si le succès est au rendez-vous, Varda compte rapidement développer son activité.

La stratégie : envoyer régulièrement en orbite des satellites chargés d'expériences pour le compte des géants de la pharmacie.

Les dirigeants de la société envisagent de travailler sur des traitements contre le cancer, le diabète et la douleur chronique.

En cas de succès des recherches, Varda pourra percevoir indéfiniment des redevances sur les ventes des médicaments améliorés.

Quant aux partenariats éventuels avec les laboratoires pharmaceutiques, Mark Herbert, vice-président de la société en charge du développement des activités biopharmaceutiques, reste énigmatique.

Quel impact sur le prix ?

L'un des avantages clés des produits pharmaceutiques, comme l'a souligné Will Bruey, PDG de Varda, est qu'ils "sont les produits chimiques les plus précieux par unité de masse".

Cependant, cela ne nous dispense pas de poser une question légitime : qu'adviendra-t-il des coûts de développement - qui s'élèvent déjà en moyenne à 1 à 2 milliards de dollars - une fois qu'un voyage extraterrestre sera ajouté à l'équation ?

Il est tout à fait concevable que ces coûts supplémentaires se répercutent sur le prix de vente des médicaments.

Mais avant de sauter aux conclusions, considérons un autre aspect de l'équation : la réduction drastique des coûts de lancement d'une fusée.

À ses débuts, un lancement dans l'espace coûtait environ 54 000 $/kg.

Aujourd'hui, notamment grâce aux avancées significatives réalisées par SpaceX, ce coût a chuté à 3000 $/kg.

L'objectif ultime est d'atteindre un coût de lancement d'à peine 10 $/kg.

Varda compte bien capitaliser sur ces innovations pour rendre ses ambitions financièrement viables.

Finalement, et comme souvent, il s'agira d'une danse délicate entre l'innovation et l'accessibilité.

Une chose est sûre : les yeux du monde entier seront rivés sur Varda pour voir comment elle naviguera dans ces eaux inexplorées.

Merci d’avoir lu cette édition jusqu’au bout !

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