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L'IA va-t-elle prescrire des médicaments ?

Dans un précédent article, nous avons énuméré six des cas d'usages les plus prometteurs de l'IA en santé.

Évidemment, tout va très vite avec cette technologie et ces 6 applications sont loin d'être exhaustives.

Un sujet qui a suscité beaucoup de discussions ces derniers temps est celui de l'aide à la prescription médicale.

Une entreprise tente déjà d'en faire une réalité.

Allons-nous vers une ère où l'IA aura sa propre liste de prescriptions médicales autorisées ?

Dans cet article, nous explorons le sujet.

Healthwords

Au coeur de ces discussion, il y a Healthwords, une solution développée par Clinova, entreprise britannique leader dans le domaine de la santé.

Healthwords est l'un des premiers outils d'IA conversationnelle spécialisé au monde.

Il s'agit d'un équivalent de ChatGPT, mais dédié spécifiquement au secteur de la santé.

Alimenté par des algorithmes de machine learning, il a été entraîné sur du contenu médical rigoureusement vérifié par une équipe de plus de 50 médecins et pharmaciens.

Comment ça marche ?

L'utilisateur saisit ses questions ou symptômes dans le chatbot, et l'IA générative fournit des conseils médicalement vérifiés

Si l'utilisateur le souhaite, l'outil va plus loin :

  • il peut recommander des produits en vente libre (OTC)

  • il fournit des articles médicaux pertinent pour aider à comprendre son état de santé

  • il propose une consultation en ligne avec un pharmacien pour un second avis.

Actuellement, Healthwords se limite à recommander des produits OTC.

Cependant, Clinova envisage d'obtenir l'autorisation pour que Healthwords prescrive des médicaments pour les affections les plus courantes. L'objectif ? Transformer notre système de santé.

Selon le NHS, chaque année au Royaume-Uni, 18 millions de consultations chez le médecin généraliste et 2,1 millions de visites aux urgences concernent des affections qui pourraient être traitées à domicile.

Cela coûte au système de santé un énorme montant de 850 millions de livres sterling.

Clinova veut se positionner comme une solution viable pour économiser une partie de ses coûts grâce à la prescription automatisée.

Vers une liste “Prescription par IA autorisée” ?

En France, il existe trois listes de médicaments à prescription obligatoire :

  • La liste I, subdivisée en plusieurs catégories :

    • réservés à l'usage hospitalier

    • à prescription hospitalière

    • à prescription initiale hospitalière

    • prescription réservée à certains spécialistes

    • à surveillance particulière

  • La liste II, qui comprend des médicaments considérés comme moins dangereux dont certains peuvent être délivrés sans prescription,

  • Stupéfiants.

Si Clinova était autorisé à prescrire des médicaments par le biais de Healthwords, il est fort probable que ce seraient certains de ceux figurant sur la Liste II.

Une telle approche se concentrerait sur les traitements largement prescrits pour des maladies bien connues, fréquentes et pouvant être traitées avec des produits OTC.

Aussi, on pourrait envisager que l'IA prescrive des médicaments sur présentation tests diagnostics, tels qu'une radiographie ou un bilan sanguin confirmant le diagnostic posé par l'IA.

D'ailleurs, l'IA s'attaque aussi à ces bilans sanguins. Si vous l'avez manqué, voyez ça dans notre article sur Kiro :

Toutefois, même si l'outil s'avérait efficace, son autorisation de mise sur le marché serait une toute autre affaire.

Un outil d'IA capable de prescrire des médicaments devrait respecter certaines exigences réglementaires.

On pourrait imaginer, par exemple, que l'IA devrait passer les examens nécessaires pour obtenir le titre de Docteur en médecine.

De nombreux outils d'IA générative ont tenté de passer cet examen aux États-Unis.

Récemment, Med-PaLM, un concurrent sérieux de Healthwords développé par Google, a réussi l'examen de médecine américain avec un score de 85,4 %, bien au-dessus du seuil de 60 % nécessaire pour devenir médecin.

Pour en savoir plus sur les initiatives de Google en santé, c’est par ici :

En France, un tel outil devrait également se conformer à la réglementation des dispositifs médicaux, ce qui implique un marquage CE et la réalisation d'essais cliniques au design potentiellement complexe.

Un point sur la réglementation des DMs vous intéresse ? Demandez-nous !

Quoi qu'il en soit dans un contexte où l'offre de soins est bien inférieure à la demande, de telles solutions font sens.

Elles pourraient libérer une partie du temps médical pour des tâches à plus grande valeur ajoutée.

Cependant, il est difficile d'imaginer qu'aucun professionnel de santé ne soit impliqué pour donner l'accord final pour la prescription du médicament, ne serait-ce que pour éviter d'éventuelles dérives.

Le pharmacien d'officine, dernier maillon de la chaîne de délivrance du médicament, pourrait jouer un rôle clé dans ce processus.

Merci d’avoir lu cette édition jusqu’au bout !

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